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Signature de Roland HalbertExplication du sceau de l'artiste

Livre d'or

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22/05/2018 19:50:52
Le haïku porte en lui une contradiction qui fait d'ailleurs son charme. Délicat, il suggère, évitant toujours de nommer, pourtant il est aussi une pointe acérée qui vise au cœur; c'est pourquoi il appelle le silence afin de garder longtemps la vibration générée. Les haïkus de "L'Eté en morceaux" suivent le parcours d'une saison en enfer, le temps de l'épreuve depuis l'opération chirurgicale jusqu'au chant de l'espoir. Nettes, vibrantes, ces vivantes ellipses - chacune est une soucoupe volante - font signe à un humour, parfois douloureux, toujours infiniment subtil. Entre pure douleur, doute et réassurance, ces 103 haïkus sont, comme toute l'œuvre de Roland Halbert, touchés par la grâce, peut-être plus encore que le reste de l'œuvre car ils sont tirés de la chair. Arriver à cette légèreté aérienne, à tout dire avec presque rien, c'est posséder avec la maîtrise de l'art du haïku, un immense talent.
Catherine Decours, romancière
 
15/05/2018 16:12:19
Cher Roland, je te remercie pour le beau livre que tu m'as envoyé, le très beau livre même, et sur tous les plans : littéraire comme esthétique. Tu m'en avais faire lire le manuscrit il y a - deux ans ? Je le retrouve magnifié dans ce superbe ouvrage qui va droit à l'essentiel. J'ai découvert Sumitaku l'an dernier; j'ai retrouvé chez toi la même rigueur morale quant à l'intégrité du dire, le même courage aussi, courage existentiel et courage physique. Même abandon à la poésie en un moment où la plupart aurait tendance à se recroqueviller sur leur douleur : chapeau, l'homme!
Christophe Jubien, poète haïkiste
 
06/05/2018 23:11:16
Cher Roland, finalement, mon "emploi du temps" s’est ouvert comme une fleur de printemps et j’ai lu, en prenant tout le soin nécessaire, ton nouveau recueil L’ÉTÉ EN MORCEAUX, toujours aussi impeccablement mis en page, imprimé et édité chez FRAction. Difficile de « commenter » un tel recueil, car il ne s’agit pas d’une banale balade poétique, d’un parcours bucolique qu’on peut arpenter à la légère, la fleur à la bouche… Il y va de la vie d’un homme (la tienne), et on sent à chaque ligne, à chaque page l’épreuve abrupte que tu as traversée. Avec pudeur, sans sensationnalisme comme il sied au haïku, mais aussi sans édulcoration ni concession, on traverse toutes les étapes de cette alchimie qui mène à la guérison. La nuit noire du premier diagnostic, le blanc du plafond de la chambre qui absorbe tout, et puis le rouge du sang délesté (« le rouge-queue » qui chante à nouveau l’espoir, au dernier chapitre du livre)... Page après page, nous sommes avec toi, à tes côtés, parfois même, en de brefs instants d’interpénétration poétique, à « ta » place… On mesure qu’être gravement malade, c’est tout abandonner (ou presque). Tout lâcher. Tout simplifier. Aller à l’os. Puis à la moelle. À la substance première. C’est aussi un immense jeu de patience où le temps se dilate jusqu’au vertige, à la nausée, à l’éblouissement : et on mesure alors le double sens du mot « patient » qu’on utilise aussi pour parler des malades. La phrase des Évangiles « Soyez passants » pourrait devenir sous ta plume : « Soyez patients »… Ton style est unique, reconnaissable d’un livre à l'autre. À la fois fraternel et littéraire. Nourri de moult références et aérien. Savant et amusé (comme ces sparadraps jetés aux crabes ou ces herbes naines dont tu aimerais connaître le nom savant). Avec tout un jeu élaboré sur les graphies, les dispositions des mots, la mise en page, qui permet de se distancier a posteriori avec la dureté des scènes retranscrites… Ce qui te caractérise aussi, c’est ce mixte, assez rare, entre culture extrême-orientale (que tu connais fort bien) et culture médiévale occidentale… Tu es un des rares en France à pouvoir inclure dans tes haïkus des mots comme : « Paraclet », « Lazare », « Rois Fainéants »… sans compter bien sûr l’allusion au « cor de Roland » (faut dire que ton prénom te prédestinait un peu)… Un peu partout dans ton texte, tu fais échos à des Saints (Damien), à ta « soif de miracle », ou, indirectement, à la scène de la mise en croix (très fort haïku où tu ne peux sucer qu’une compresse humide)… Bref, tu fais la synthèse entre la poésie médiévale occidentale (et notre imaginaire chrétien) et le haïku japonais (shintoïste et bouddhiste) ! Ce qui est une alchimie ô combien audacieuse ! Ton corps devient un lieu de tiraillement, d’écartèlement. Mais aussi une passerelle.Un pont entre les rives. Entre l’ici et l’ailleurs. Le ciel (des passereaux) et l'humus (du bousier). Le monde de Charlemagne et celui de Shiki (même s’ils n’ont pas vécu du tout à la même époque). Tu fais un peu le chemin inverse de Foujita — qui venu du Japon s’est immergé petit à petit dans l’Occident chrétien… J’espère que deux ou trois ans après cette douloureuse épreuve, tes pas se sont allégés et que tu as retrouvé le maximum d’allant et de santé — même si on sort forcément changé de ce genre de bain de feu dans la forge qui fabrique les épées et les plumes de poète ! Merci pour ce recueil. Indispensable pour les malades (cela peut sans doute aider de voir que d’autres frères de lit ont traversé le gué)et les bien portants. (Que portent-ils, d’ailleurs, ces « bien portants » si ce n’est une bonne dose d’insouciance/inconscience ?) Merci pour tout ce chemin parcouru et partagé… Et continue cette plongée dans l’imaginaire médiéval du haïku ! "Disparaître ? Mais pas / sans savoir le nom savant / de cette herbe naine." Peut-être est-ce ça qui sauve finalement ? L’immense clarté des toutes petites choses ! Merci encore… vivement
Thierry Cazals, haïkiste
 
05/05/2018 18:29:46
[Il y a quelques années, notre amie commune Mth, m'a fait découvrir la poésie des haïkus à travers vos différents recueils. J'ai immédiatement été saisie par la tonalité émotionnelle que vous savez si bien faire ressortir. J'ai reçu il y a quelques jours "l'été en morceaux ou chambre 575" et j'ai longuement contemplé la couverture "le Biscotto laïque en berne" qui semblait m'inviter à entrer dans sa danse. Je n'ai donc pas résisté... J'ai ouvert ce recueil que j'ai lu d'un trait - (pardon, je n'ai pas respecté la posologie recommandée!) - c'est peut être ce qui explique ma sensation de légère ivresse... Au cours de cette danse, j'ai éprouvé de l'angoisse, j'ai respiré l'eau de javel, senti la Bétadine, la douleur, la chaleur, l'impatience, la solitude, l'odeur du goudron - (qui m'a renvoyée à trouver l'origine du mot coaltar) -. Puis la danse effrénée s'est ralentie, apaisée pour retrouver le calme, le repos, l'espoir de continuer, de retrouver la vie... et c'est là l'essentiel que "...de balancer aux crabes ses vieux sparadraps". Merci pour avoir partagé ces moments difficiles qui nous font ressortir plus forts. ] Jeanne B
BRUN
 
01/05/2018 12:37:35
Tout d’abord, ce qui surprend, c’est l’objet-livre d’une grande beauté plastique et à la typographie soignée qui met bien en valeur les poèmes, offrant de grands espaces de respiration. Quand je l’ai feuilleté en le déballant, le chat a humé avec moi l’odeur de livre neuf. Pardonnez-moi, docteur, si je n’ai pas suivi votre prescription, ne me parlez pas d’homéopathie, j’ai bu tout le flacon d’un trait – en première lecture. Je me suis montrée moins gourmande et plus gourmet les trois jours suivants… La disposition non classique des haïkus oblige le lecteur à lire dans tous les sens, à tourner le livre, à monter ou descendre l’escalier. Les grands maîtres du haïku sont toujours présents, vous continuez la lignée et poussez loin le mimétisme au point de traverser comme certains une maladie grave. Le scalpel entaille les chairs pour l’extirper, vous en profitez pour scruter par ce TROU les profondeurs du corps et de la souffrance ("Chardons dans les chairs..." "Je pisse / un bouquet de barbelés...") Est-ce la présence des saints Côme, Damien, Augustin, Laurent, de Lazare, les jours et les mois marquant les stations de votre chemin de croix personnel, un adjectif m’est venu à l’esprit, toutes proportions gardées : « christique ». La couture a gravé à tout jamais sur votre peau le rythme traditionnel du haïku, à l’endroit des 17 agrafes. Comme dans d’autres de vos ouvrages, il y a l’humour et l’autodérision que j’admire d’autant plus dans ce contexte : "Clinique en été- / Collé à la carte vitale, / un ticket de LOTO !" et à propos de la cicatrice : "Ça s’verra pas sur la plage." Il y a les petits signes de la vie qui continue sans vous : "Pendant mon absence, / la passiflore a poussé / jusqu’à Orion." puis de la vie à laquelle vous voulez vous raccrocher par la connaissance : "Disparaître ? Mais pas / sans savoir le nom savant / de cette herbe naine." Une belle leçon. Bien cordialement,
Marie-Louise Montignot, sans étiquette.