Livre d'or
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17/07/2014 17:34:49 |
Cher Roland, Si « le haïku est le saké du cœur » (Santôka), sache que j’ai pleinement savouré ta "Petite Pentecôte de haïkus" : 50 délicieuses gorgées de « liqueur et feu subtils » qui m’ont réjoui le cœur. Nouvelle « cueillette d’éclairs » que ces « cinquante illuminations mélodiques et rythmiques du temps intérieur » qui, toujours avec la même fulgurance, « tranche(nt) dans le jeu des apparences » ("Notes dans la paume"). J’ai éprouvé cette impression saisissante, notamment dans les deux haïkus suivants, lors du surgissement de la métaphore finale :
Le marchand de glaces / sort de son hibernation. / – Soleil à la fraise !
Toujours à son poste, / la prostituée dans le froid… / une aurore au ventre !
J’ai également goûté ces ravissantes « miniatures sonnantes » où « l’homme se retrouve à hauteur modeste du brin d’herbe » ("Le Pollinier sentinelle"), comme par exemple, dans ce haïku d’été, si léger et si gracieux :
Vague de chaleur !/ Je me glisse à l’ombre bleue / de la libellule.
À n’en pas douter tes haïkus ont une « âme » (Kikaku) et le sourire du haïkiste y est, sans doute, pour beaucoup. Je pense en particulier à l’humour insolite de ces deux haïkus :
Pour seule lumière / sur le chemin de Saint-Jacques,/ une ampOule au pied !
Hiver bien trop long… / J’envisage le mariage / avec ma chaudière !
À l’évidence, tes éclats de saison font admirablement « tenir le monde / en dix-sept syllabes », pour reprendre l’heureuse formule d’O. Paz ("Le Pollinier sentinelle").
Venons-en maintenant à l’innovation majeure de ce dernier recueil : « 50 haïkus en 7 langues ». Le souffle de l’esprit de la Pentecôte y est manifestement au rendez-vous. Les traductions, pour autant que je puisse en juger (en anglais, en latin et en allemand – avec l’aide précieuse de Patricia), m’ont paru tout à fait « honnêtes », si l’on s’en tient à « l’imperfection allusive » souhaitée par M. Leiris. Toutefois, l’anglais et le latin semblent souvent plus proches de l’original que l’allemand. Bien loin de l’esprit de Babel, tu fais défiler harmonieusement les langues par trois. Parfaitement disposée en calligrammes épurés, sur chaque double page blanche, la trinité de haïkus rappelle peut-être la symbolique chrétienne ou/et, tout simplement, la structure ternaire du haïku ?
Quant à la mise en page et à la calligraphie, elles sont toujours aussi soignées. Mais, à mon humble avis, elles n’atteignent pas la perfection de celles de "Cueillette d’éclairs."
J’ai également lu avec le plus vif intérêt "Le Pollinier sentinelle", recueil d’articles stimulants sur le haïku, couplé avec "Petite Pentecôte de haïkus." Cette publication jumelle m’a rappelé, bien évidemment, celle de "Cueillette d’éclairs" suivi de "Notes dans la paume." Sans entrer dans le détail, j’y ai retrouvé la même cohérence esthétique, la même « circulation de pollens » et chaque lecteur peut en faire son miel. Tu distilles toujours avec le même bonheur ta précieuse érudition : ton savoir, si savant soit-il, reste toujours aussi savoureux et aussi léger. Seule la présentation diffère, en ce sens que la plupart des articles du "Pollinier sentinelle" développent avec brio les "Notes dans la paume." En d’autres termes, avec tes pépites, tu cisèles de superbes bijoux qui honorent de grands artistes (poètes ou peintres le plus souvent), présentés sous l’angle du haïku et toujours choisis avec le plus grand discernement. Voilà une belle série d’invitations à la lecture (T. Tranströmer) ou à la relecture (J. Follain ou M. Jacob) !
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Hubert BRICAUD. |
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05/07/2014 18:13:08 |
Un vrai bonheur : lire quelques haïkus de Roland Halbert avant de s’endormir, les petits poèmes
qui font les grandes rêveries. Me viennent alors à l’esprit des haïkus de mirliton , des imitations saugrenues (p.46).
Tous à l’école ! l’enfant dort sans se soucier du cadran scolaire. (Pardon Roland !)
Gilles Auguin
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Gilles Auguin |
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28/06/2014 16:01:37 |
Grand merci, cher Roland, pour la Petite Pentecôte de Haïkus ! Encore une fois tu as fait mouche avec tes deux derniers ouvrages très inspirés. Je suis encore à déguster le Pollinier sentinelle …Tes poèmes japonais ont fait naître un rêve inoubliable il y a quelques jours et qui reste très frais dans ma mémoire.
Je me trouvais avec Martine à Botz dans le jardin de vos parents, Martine voulait me montrer des œuvres picturales que les haïkus avaient inspirées (à qui ?). Ces tableaux se trouvaient peints sur des formes circulaires dans des couleurs douces avec des contours aussi précis et clairs que des Hiroshige. Vos parents contemplaient tout cela, se tenant par la main, souriants et fiers, enchantés et émus ; il y avait entre autres : un paysage de ville et de campagne, un champ de cerisiers en fleurs qui « se parlaient en langue » et un soleil bleu intense qui dansait et dont les motifs ressemblaient fortement aux dessins d’ailes de libellule…(Ca c’est vraiment directement inspiré !) Comme j’ai aimé ce rêve qui m’a donné des émotions et du tonus pour quelques jours, en fait comme la lecture-même de ta poésie !
J’ai bien apprécié les traductions, en particulier celles en anglais et en latin, très réussies, je ne me peux pas me prononcer pour les autres.
Ce rêve a été une belle surprise, c’est la première fois qu’une lecture a un tel effet sur moi, à ce que je sache.
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Fang |
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24/06/2014 13:26:44 |
Toutes mes félicitations pour le travail énorme accompli à la sueur de ton front, l'été, et aux claquements de tes dents, l'hiver. Dans "Petite Pentecôte de haïkus", tout n'est que finesse et humour, et les cinq saisons passent trop vite... Heureusement, nous avons la chance de pouvoir les relire à volonté. "Le Pollinier sentinelle" est une merveille de recherches, on apprend énormément et c'est une invitation à aller à la découverte des maîtres du haïku. Naturellement, nous serons peu à mettre des images et du son sur les évocations des années 1950, au Long-Douët, mais ça fait plaisir d'avoir ce privilège. Bravo pour ces deux livres ! J'espère que tous ceux qui les liront y seront accros. |
Martine, dite Dame Tartine |
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10/06/2014 19:29:23 |
"On ne sait pas lire les haïkus. Ou si mal..." Avec cette "Petite Pentecôte de haïkus", Roland Halbert nous offre une autre chance d'apprivoiser cette espèce si éloignée des nôtres, prosodiques s'entend. Laissons aux polémistes la question épineuse de la traduction pour saluer à nouveau cette poésie qui part toujours du réel, d'un sentiment du temps et de l'espace, toutes acceptions confondues. Roland Halbert sait mieux que personne y capter le motif singulier dans sa plénitude affective et son universelle profondeur, tel ce nid dans l'horloge en panne de la gare Montparnasse que les voyageurs rejoindront - ou pas. Il sait aussi, et comment !, conjuguer les registres et jouer de subtiles dissonances comme autant de contrepoints qui contiennent l'émotion pour mieux la retenir. Et le burlesque, voire la satire, ne sont jamais bien loin, non plus qu'un humour dont Roland Halbert parcourt allègrement le nuancier depuis la tendresse retenue envers le père et la mère, la "permanente mauve" maternelle (où la traduction allemande, par exception, me semble toutefois meilleure, mais le lilas, il est vrai, figure déjà en blanc plus haut, essence poétique) jusqu'à l'autodérision de la pérégrination poudreuse du poète vers Compostelle. Singularité et universalité enfin avec ce portrait de l'artiste coeur-naufragé qui sombre sous l'oeil indifférent d'un poisson baroque dans un arbre perché. La touche est toujours ténue, retenue, voire en sourdine et l'avant-propos nous le suggère déjà, verlainienne, du côté des "Ariettes oubliées". Mais aussi rimbaldienne dans cette affirmation essentielle de la métaphore dont je retiendrai seulement celle-ci, si étroitement et justement rapportée au thème majeur, ces chenilles processionnaires qui grignotent l'année sur le calendrier du Nouvel An.
C'est la marque d'un vrai poète.
Et non des moindres.
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Philippe Arnaud, critique |
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