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Livre d'or

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26/10/2020 15:41:01
Cher ami Roland, En fin de matinée, Gérald est venu m'apporter votre livre: "Le Cantique de Caravage" et les 25 haïkus "Du fruit défendu". Cet après-midi, j'ai d'abord lu vos haïkus humoristiques, tels que les concevait Matsuo Bashô. Celui-ci, par exemple : "Sans frigo/ je mets les fruits bien au frais / dans... mon ventre !" Puis, après l'avoir feuilleté pour satisfaire la curiosité, je me suis mis à lire votre grand livre, très lentement. A cette heure, c'est le soir, j'en suis à la page 30, c'est dire si je lis lentement, pas à pas. Comment faire autrement sous une cascade de mots, d'images, de cocasseries ? Quelle verve vous avez ! Méditatif je me redis ce vers que vous avez fragmenté : " Mon encrier / est un puits noir / de voix soufflées / au creux des veilles." Toute l'inspiration est là. Elle monte du puits noir, de l'inconnu, du mystère. Et ces voix parlent toutes les langues. IL EST INTERDIT DE VIEILLIR. J'en prends bonne note ; je vais y penser à chaque instant. Je m'approche des 92 ans. Votre façon d'écrire court en liberté sur les chemins de la pensée. Votre ami de tout coeur,
Hervé Rougier
 
23/10/2020 16:53:51
Un grand bravo pour ce « Cantique de Caravage » : un recueil splendide d’une infinie richesse ! J’ai vraiment eu plaisir à feuilleter ce somptueux ouvrage qui, avec ses treize tableaux du maître lombard, reproduits pleine page à la perfection, offre au lecteur des conditions idéales pour apprécier pleinement sa saisissante dramaturgie du clair-obscur. En treize chants, tu rends grâce magnifiquement à ce génie de la peinture qui a si bien su faire surgir formes et couleurs de cette « nuit luministe ». Loin de te contenter de simples évocations poétiques des tableaux, tu nous invites à « écoute(r) entre les lignes les voix de la peinture audible », en donnant voix précisément à chacun des tableaux. La couleur et la note sont ainsi données, dès l’ouverture du recueil, quand le poète tient la plume de saint Jérôme : Si j’écris, / ce sera / sous la plus rouge / invocation. Ma main est / suspendue / à l’appel au chant… Il sera aussi bien la voix de la « Diseuse de bonne aventure » qui, dans les lignes de la main du jeune peintre Michelangelo Merisi, lit le « livre de sa vie » que celle du Poverello, de Narcisse, de saint Jean-Baptiste ou de Madeleine en extase. Cette audacieuse mise en voix qui répond avec bonheur à l’art de la mise en scène du grand peintre baroque, restitue à merveille cette extraordinaire impression de vie qui émane de ces treize tableaux particulièrement bien choisis. Suivant l’ordre d’un calendrier perpétuel, la série de tableaux se clôt ainsi sur une superbe fin ouverte avec la « Décollation de saint Jean-Baptiste » où l’on voit le martyr, « le porte-greffe du silence », signer en quelque sorte de son sang – « en lettres écarlates » – le tableau de Caravage. J’ai aussi beaucoup aimé cette célébration éminemment sensuelle de la peinture de Caravage qui exalte non seulement la vue et l’ouïe, ce qui ne saurait nous surprendre en poésique, mais aussi le toucher (le joueur de luth qui « touche d’une extrême phalange » son instrument ou encore saint Thomas l’Incrédule qui « allonge l’index/ vers ce digicode de chair »), le goût, notamment dans la délicieuse corbeille de 17 haïkus et même l’odorat (cf. la parole initiale du « Jeune saint Jean Baptiste au bélier »: « Une odeur de bélier me précède »). Entre le profane et le sacré, ce chant poétique sensuel fait signe au Cantique des cantiques, invoqué à plusieurs reprises au cours du recueil. Et puis, il y a ce beau texte en prose du Calepin romain (complété par des notes de lecture) qui est toujours au diapason du chant poétique, et qui, exceptionnellement, peut même presque le remplacer, quand il s’agit d’évoquer « l’ordre muet » du Christ dans le tableau de la « Vocation de saint Matthieu ». Réglées au cordeau, les notes érudites éclairent finement notre lecture du chant poétique et viennent enrichir notre connaissance du peintre. Bien situé dans son époque, il n’en est pas moins notre contemporain, en particulier à l’occasion des déambulations du poète dans la Ville éternelle, par exemple, aux côtés de la prostituée Marta, « Madeleine du bitume ». S’inscrivant dans la veine de tes beaux parcours poétiques réfractant et célébrant les œuvres-vies de Cadou, de François d’Assise et de Toulouse-Lautrec, « Le Cantique de Caravage » me semble être ton recueil le plus ambitieux et, peut-être, le plus beau ? Quand le « regard alerte » du poète épouse si justement celui du magicien du clair-obscur, on ne peut que se laisser « caravage(r) de ferveur », en écoutant ces suggestives « Voix du silence »…
Hubert Bricaud
 
21/10/2020 17:03:11
Rendez vous le 24/10 à la galerie Gaia pour ce superbe Caravage (que j'ai eu la chance de déjà découvrir). A lire et à relire avec somptueuses photos - Pasolini entre autres !- une compréhension de ce peintre "révolutionnaire " et tellement contemporain. De la poésie, de l'humour, une belle découverte et un beau cadeau pour Noël ! Et que nous réservent les haïkus "Du fruit défendu " ?
Maguy
 
20/10/2020 12:50:39
Dans "Du fruit défendu", Caravage reste omniprésent : couverture, fine observation de ses fruits, mais c’est un peintre d’aujourd’hui. Vous le confrontez à tous les maux de notre siècle : pesticide, chômage, pauvreté, malgré l’étiquette du « commerce équitable » On admire l’intense picturalité de vos haïkus, les natures mortes contemplées au musée… des vanités. Je suis toujours éblouie par le choix des citations – au seuil et à la clôture de l’ouvrage –, par les qualités esthétiques et typographiques de vos livres, couleur de couverture, disposition des poèmes sur la page blanche. Et j’apprécie la légèreté, l’humour, l’ironie : fragment de dialogue, trajet d’un livreur saisi au vol et clin d’œil si drôle à Philippe Katerine (un artiste aux inventions tellement saugrenues, réjouissantes !) Parfois, ça grince un peu : le vernissage si justement stigmatisé, mondanités, snobisme qui prennent le pas sur l’art. Vous avez le sens de la dérision. Enfin, nous demeurons en « poésique » : « Vivaldi en bouche » et Bach. J’aime cette osmose entre les plaisirs différents des sens et, plus encore, « l’offrande musicale » du merle noir, échelle montant vers le ciel, chant lancé dans l’air… Voilà qui complète à merveille votre « Cantique » et qui comblera vos lectrices et lecteurs qui ont attendu si longtemps votre nouvelle parution « poésique ».
Marie-Noëlle Hôpital, Marseille.
 
06/10/2020 10:19:27
Il y a trop de livres sur Caravage dans les boutiques, mais s’il devait n’en rester qu’un ce serait celui-là. Dans un cadre calendaire qui ne s’embarrasse pas de déranger ou non celui des saints, Roland Halbert nous ouvre vers le maître du clair-obscur un chemin neuf entre la pourpre cardinalice du "Saint Jérôme écrivant" et le sang de la "Décollation de saint Jean-Baptiste". Trois voix s’y déclarent, voix du poète, de l’historien et du voyageur, dont les sources tutélaires évoquent notamment Baudelaire, Mallarmé, Giono. Nourries par une connaissance profonde de l’histoire de l’œuvre, ces voix tissent, dans une écriture dont l’étymon stylistique serait la synesthésie, un réseau de signes où l’esprit convoque et conjugue tous les sens. Elles y développent, dans une dialectique de l’ombre et de la lumière, du sacré et du profane, de la terre et du ciel, cette « approbation de la vie jusque dans la mort » (Georges Bataille) qui habite le chant du "Jeune saint Jean-Baptiste au bélier", course éperdue, à tombeau ouvert, en écho peut-être au « galop » du "Cœur-Cerf" de Giono. Tour à tour grave et facétieux comme on pourra en juger dans le morceau d’anthologie qu’est la visite chez le psy, et se jouant de tous les registres, Roland Halbert projette sur l’atmosphère obombrée du monde de Caravage, son côté Mallarmé, dirait Proust, une lumière nouvelle jusque dans les plus infimes détails, qu’il faut voir à la loupe, telles ces griffures presque imperceptibles sur le pied de la table de Jérôme, traces fugaces de son compagnon emblématique. Et il nous suggère encore de relire autrement nos contemporains ou de revoir le "Taxi Driver" de Martin Scorcèse à l’aune de "La Vocation de Saint Matthieu". Ce livre est une véritable « leçon de Ténèbres » pour tous ceux qui souhaitent connaître et comprendre Caravage. Ils y apprendront que tout y est vrai quel que soit le règne – et les manchots de Kansas City ne s’y sont pas trompés – : les plumes d’un ange comme la moindre fleur des champs. Réalisme de Caravage ? Si l’on y tient et si l’on n’y entend pas seulement la crasse aux pieds des pèlerins, la verrue au front de Joseph ou encore le ver dans la "Corbeille de fruits". Mais disons plutôt "réelles présences" (Georges Steiner) qui donnent la mesure de l’abîme entre Caravage (taxé parfois d’Antéchrist, note Roland Halbert) et l’iconoclasme contemporain : "la Joconde" de Marcel Duchamp ou le "Piss Christ" d’Andres Serrano ne sont que plaisanteries de potaches face aux prostituées dans lesquelles Caravage a littéralement incarné Judith, la Vierge ou Madeleine. Et c’est cela que Roland Halbert nous fait ressentir mieux que personne dans son "Cantique de Caravage".
Philippe Arnaud